Je double expose les photographies in-situ, lors de mes prises de vues.
J’explore au quotidien ce pan aussi vieux que la photographie pour explorer ma créativité, et acquérir encore plus de maîtrise dans mes compositions. C’est une belle dimension pour explorer l’autre, s’explorer à travers la matière, les éléments. C’est une réalité subtile, douce silencieuse et profondément réflexive, chaque jour j’obtiens des choses différentes, j’improvise…
En photographie ce que j’apprécie, en dehors du fait de créer des souvenirs, c’est aussi de jouer avec le temps et de l’étirer, le compresser, le distordre. C’est ainsi que je flirte le mieux avec l’abstrait. Longue exposition et double exposition, parfois les deux en même temps, c’est riche en métaphores. La double exposition, c’est à mon sens deux temps, ou parfois plus de temps qui se confondent, qui entrent en collision pour former un état, une réalité.
Je l’utilisais beaucoup il y a quelques années pour décrire le gémeau et sa faculté à être multiple, pour parler de deux voir plus d’ailleurs de personnalités qui opèrent sur un instant. Avec le temps j’ai voulu perfectionner ma technique sur cette pratique simple certes en théorie, mais si complexe et hasardeuse dans sa réalisation esthétique.
Tout s’effectue « in situ » et dans l’utilisation de la lumière. Chaque exposition supplémentaire imprime de la lumière - que ça soit sur une pellicule ou une carte SD. On peut baisser l’exposition de chaque prise de vue ou veiller constamment à la valeur d’exposition en faisant attention qu’elle ne sature jamais l’image. Ma technique est une « anticipation intense » mais je suis toujours surpris par les résultats que j’obtiens, c’est en ça qu’elle demeure hasardeuse et hautement séduisante.